Après la 19ème Université d’Automne du GDSA-29

La 19ème Université d’Automne du GDSA du Finistère s’est déroulée sur le site du Nivot (Loperec) le 21 octobre 2017. Elle a réuni 160 participants venus écouter Monsieur Joseph Hemmerlé ingénieur de recherche à l’INSERM et chargé d’enseignements à l’Université de Strasbourg. Le thème général des conférences « L’abeille sous la loupe : des mystères, des combats et des savoir-faire dévoilés » s’est décliné en quatre présentations ou sessions, basées sur des photographies en microscopie et des schémas remarquables. Le conférencier nous a fait découvrir de nombreuses facettes de cet organisme très perfectionné.

Voyage microscopique dans le monde de l’abeille :

M. Hemmerlé durant sa conférence.

M. Hemmerlé durant sa conférence.

  • Les ailes munies de crochets et de poils microscopiques à fonction déperlante et autonettoyante.
  • Le cœur, situé le long du vaisseau dorsal, joue un rôle dans la fonction immunitaire grâce à la circulation des hémocytes.
  • Le système respiratoire constitué de vésicules aux extrémités des trachées qui s’ouvrent à l’extérieur par les stigmates.
  • Les antennes formées de segments sont couvertes de poils capteurs pour détecter odeur, saveur, température, humidité. Leur nettoyage est assuré par les deux premières pattes.
  • Les pattes portent des poils mécanorécepteurs et des ventouses sous les pieds. Elles permettent la manipulation et le transport des pelotes de pollen.
  • Les poils disposés au niveau des articulations sur tout le corps transmettent les informations relatives au mouvement, à l’équilibre, à la position dans l’espace.
  • La langue permet aux abeilles de « laper » le nectar.
  • La construction des rayons de cire, se fait à partir de microgouttelettes juxtaposées.

La réponse immunitaire chez l’abeille :

Lorsque l’abeille est blessée, les hémocytes synthétisent de la mélanine pour colmater la lésion, et une cascade enzymatique met en place la formation de Dérivés Réactifs de l’Oxygène (DRO, par exemple H2O2et de Peptides Anti Microbiens (PAM). L’abeille a des moyens de défense performants mais il faut que les conditions dans lesquels elle évolue soient favorables. La diversité du pollen est essentielle pour que l’abeille en bonne santé combatte et supporte les parasites et les pathogènes.

Les loques, de la bactérie au test de terrain :

La loque américaine est une maladie ancienne déjà mentionnée par Aristote en 300 avant notre ère.

Dès 1900 deux types de loques sont identifiés :

  1. la loque européenne qui ne file pas, l’opercule n’adhère pas aux parois, pas de sporulation, produite par le bacille Melissococcus plutonius;
  2. la loque américaine, filante, avec opercule adhérant aux parois de l’alvéole, sporule, produite par la bactérie Paenibacillus larvae (Gram +), toujours pathogène. [Voir ci-dessous “Gram+ & Gram-“]
  • La production de spores est un moyen de résistance aux conditions défavorables. Pour que la maladie se déclare il faut que la jeune larve ingère un minimum de 10 spores, qui sortent de leur dormance et donnent les bactéries. L’adulte ayant la capacité d’évacuer le contenu intestinal, il ne présente aucun effet pathogène.
  • Les spores sont extrêmement résistantes, leur dissémination nécessite un transporteur: l’apiculteur, le nourrissage par miel contaminé, les outils, la chenille de la fausse teigne, les abeilles pilleuses qui peuvent contaminer sur un rayon de 1 km. Remarque : on estime que 10 à 20 % des miels français et 90 % des miels d’origine étrangère sont contaminés.
  • Moyen de lutte : la prophylaxie est efficace (destruction de couvain malade, nettoyage des outils). Attention aux antibiotiques, qui sélectionnent les individus résistants et qui sont de toute façon interdits en apiculture.
Qu’est-ce que c’est… Gram+ & Gram- ?
En 1884, Hans Christian GRAM, bactériologiste danois met au point un système de coloration des bactéries. Cette coloration met en évidence les propriétés de la paroi bactérienne, ce qui permet de distinguer et classifier les bactéries. Il est ainsi de donner une information rapide, facile et peu coûteuse sur les bactéries tant sur le type que sur la forme. Les bactéries à Gram positif sont dotées d’une simple paroi, celles à Gram négatif sont dotées d’une membrane externe supplémentaires. La résistance des bactéries et donc l’efficacité des antibiotiques dépendent du type de bactérie.

Apithérapie: le pollen et la propolis indispensables pour l’abeille!

Le pollen: correspond aux gamètes mâles des plantes à fleurs dont la morphologie et la composition chimique varient selon les espèces florales. L’abeille le transforme en « pain d’abeille » de haute valeur nutritive et très assimilable. La diversité des espèces végétales butinées est très importante pour l’abeille.

La propolis : constituée de sécrétions végétales transformées par l’abeille. Elle forme un mastic protecteur de la ruche, assurant une sorte « d’immunité sociale ». La composition chimique précise varie d’un endroit à l’autre, dépendant de nombreux facteurs.

En conclusion : Ce fut une journée très appréciée par les participants : les présentations étaient bien faites, les commentaires faciles à comprendre et captivants.

(Vous pouvez retrouver ce texte dans le n°282  (nov.-déc.)de la revue « La Santé de l’Abeille », p.518)